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Chômage officiel et réalité

 

Comment les chiffres dissimulent-ils la situation réelle ?

La réalité du chômage en France est largement sous-estimée par les chiffres officiels. La question est de savoir pourquoi ? Cette vidéo vous explique l’évolution du chômage depuis 1996 et la réalité des chiffres.

Elle démontre plusieurs faits :

  • le chômage « officiel » semble avoir relativement peu progressé au cours des 20 années passées, ce qui est en contradiction avec le sentiment répandu
  • le nombre de chômeurs, toutes catégories confondues, a augmenté de plus de 50% depuis 20 ans, passant de 4.1 millions à plus de 6 millions.
  • les hommes sont plus touchés que les femmes par l’augmentation du chômage et les séniors (>50 ans) plus que les autres tranches d’âge.

Dans les faits :

Les catégories de demandeurs d’emploi créées en 1996, censées affiner les chiffres du chômage, masquent leur évolution réelle. Ainsi, tout demandeur d’emploi dans l’un des cas suivants sort du périmètre des demandeurs d’emploi « officiels » (catégorie A), :

  • s’il réalise une mission (quelle que soit sa durée),
  • s’il se déclare en congé ou en maladie auprès de Pole Emploi,
  • s’il suit une formation ou bénéficie d’un emploi aidé.

Entre janvier 1996 et mai 2015, le nombre de demandeurs d’emploi de la catégorie A a crû de 14% seulement, dans le même temps, le nombre d’inscrits des catégories B à E est passé de 1 million à plus de 2.5 millions, soit une hausse de 150% ! On comprend dès lors que dans le cadre d’une communication politique, il est pertinent de se focaliser sur la catégorie A…

Certains soupçonnent ces catégories de faciliter la manipulation des esprits : les emplois aidés et le plan formation de 500.000 chômeurs annoncé par François Hollande sont 2 dispositifs souvent soupçonnés d’être une manipulation statistique pour faire artificiellement baisser le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A.

Autres facteurs de floutage des statistiques

De plus, bien que la vidéo ne l’évoque pas, certaines catégories de population sont délibérément exclues du périmètre des statistiques officielles , comme les jeunes sortant du système scolaire ou ayant terminé leurs études et qui, faute de trouver un job tout de suite, ne peuvent prétendre toucher l’allocation chômage. De fait, ils ne s’inscrivent pas à Pôle emploi et n’entrent donc pas dans les statistiques. Même chose pour les bénéficiaires du RSA: beaucoup ne font pas les démarches auprès de l’opérateur public. Exemple: « dans le seul département du Nord, 45.000 allocataires du RSA n’étaient suivis ni par Pôle emploi ni par les services du département, soit près de 40% du total des allocataires de ce département », détaille le rapport. D’où la proposition des sénateurs de confier à la DARES leur recensement. Les parlementaires pointent également du doigt la catégorie C, qui recense les demandeurs d’emploi ayant exercé une activité réduite, mais aussi « un nombre important de personnes travaillant à temps plein (467.300 en juillet 2016) », voire « pour certains en CDI » a souligné le rapporteur, Philippe Dallier (Les Républicains), lors d’une conférence de presse.

Enfin, il y a les bogues qui faussent les chiffres. Le plus connu est celui d’août 2013 quand SFR a oublié d’envoyer près de 176.000 SMS de relance d’actualisation. S’en est suivie une baisse du nombre de demandeurs d’emploi alors que les autres indicateurs économiques étaient tous au rouge. A l’inverse, en mai 2015 trois SMS de rappel ont été envoyés aux demandeurs d’emploi, ce qui a fait grimper « mécaniquement » leur nombre.

Pour éviter les perpétuelles polémiques sur la manipulation des chiffres par le pouvoir, les sénateurs souhaitent que l’Insee, qui utilise la définition du BIT jugée plus fiable, réalise chaque mois une enquête parallèle à celle de Pôle emploi. Mais en période de disette budgétaire, pas sûr que cette solution soit entendue. En effet, cela nécessiterait d’augmenter considérablement les moyens de l’Insee. En attendant, cela soulagerait Pôle Emploi qui consacre d’importantes ressources « sur une tâche très éloignée de son coeur de métier« , concluent les sénateurs qui ont interrogé Jean Bassères, le Directeur Général de cet Opérateur Public. Ce dernier confesse d’ailleurs : « je m’interroge même sur l’intérêt de l’indicateur que nous produisons, et ce d’autant plus que, chaque mois, l’image de Pôle est associé à la publication des chiffres (…) Nous ne tenons pas, absolument, à la produire. »

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